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Parcours de création : Aurélien Prédal, Production designer chez Locksmith Animation

L'Atelier de Sèvres fête ses 40 ans. 40 années au service de la création contemporaine, dans tous les domaines de l'art et du cinéma d'animation. 40 promotions d'élèves devenus aujourd'hui des artistes reconnus en France et dans le monde entier. Découvrez les portraits de ces anciens élèves qui font aujourd'hui la valeur de notre établissement.

Aurélien Prédal, Production designer chez Locksmith Animation, élève de l'Atelier de Sèvres en 2003

Entretien réalisé par Nadine Vasseur

Aurélien Prédal a à peine plus de 25 ans, lorsqu’il obtient en 2009 son premier poste de Production designer, l’un des postes les plus élevés dans l’animation qui conjugue direction artistique et gestion des équipes. « Une chance, reconnaît-il, mais aussi un peu une anomalie. C’est rare qu’on vous confie de telles responsabilités, trois ans après le diplôme des Gobelins ! » A 35 ans, il est aujourd’hui présenté comme « a world class Art Director and Visual Development artist » par Locksmith Animation, son employeur actuel. Quand il réfléchit aux raisons qui lui ont valu une promotion si rapide, Aurélien Prédal aime dire qu’il a eu la chance de travailler d’emblée avec les bonnes personnes sur les bons projets. Mais c’est aussi sa pâte très personnelle, entres autres dans la manière de traiter les couleurs, son talent pour créer des images hors du cadre strict de l’animation, qui lui ont valu d’être distingué.

La liberté qu’il ose prendre avec certains de ces codes, il reconnaît la devoir en grande partie à l’Atelier de Sèvres où il s’inscrit après le Bac pour préparer les Gobelins. « L’Atelier de Sèvres m’a donné de solides bases techniques, par exemple en modèle vivant. Ce qui est extrêmement utile en animation pour donner des poses naturelles aux personnages. J’y ai aussi acquis une connaissance de la couleur qui, au départ, n’était pas mon fort. Je me souviens d’un professeur de l’Atelier qui un jour m’a dit « La couleur, Aurélien, c’est pas trop ton truc ! » Depuis, le travail de la couleur est devenu l’une de mes spécificités, les productions me contactent souvent pour ma manière de peindre. J’ai aussi appris la lumière, la perspective, qui jouent un rôle essentiel dans les images qu’on me demande de créer. Mais je pense que ce que l’Atelier de Sèvres m’a apporté plus que tout, c’est une ouverture d’esprit. En arrivant, je ne connaissais pas grand-chose d’autre que les Comics américains et la bande dessinée française. Ici, j’ai découvert l’histoire de l’art et toute la diversité des arts plastiques. Jusqu’alors, ce qui me semblait le plus important, c’était de travailler les détails de manière très minutieuse, j’ai compris que le minimalisme et la simplicité avaient aussi leur force, que le plus important ce n’était pas forcément un dessin bien fait mais la signification d’une image. Je me souviens d’une étudiante qui faisait des dessins très enfantins. Je trouvais qu’elle n’avait pas de technique, qu’elle ne respectait pas la perspective ni l’anatomie. Et pourtant, elle obtenait toujours de très bonnes notes ! Je ne le comprenais pas car je n’avais pas l’éducation artistique pour le faire. Il m’a fallu du temps pour réaliser que ce qu’elle faisait était magnifique ! »

Depuis presque quinze ans qu’il travaille dans l’animation, Aurélien Prédal a collaboré à des projets très divers : des blockbusters comme Hôtel Transylvania 3 pour Sony Pictures, Shaun le mouton et Cro Man, tous deux produits par Aardman Animations ou encore le gros projet financé par Disney sur lequel il travaille depuis trois ans pour Locksmith et qui est encore confidentiel.  « Les productions à gros budget prennent souvent moins de risques car beaucoup d’argent est en jeu. Elles préfèrent reprendre des formules qui ont déjà marché. Mais ce qui est passionnant dans ce genre de productions c’est de travailler avec de grands réalisateurs. C’était le cas pour Hôtel Transylvania mais aussi pour Cro Man dont le réalisateur est Nick Park, le créateur de Wallace et Gromit. J’ai adoré travailler sur Cro Man avec ses hommes des cavernes de l’Âge de pierre qui voient arriver l’Âge de bronze, sa dimension historique et archéologique. » Mais il collabore aussi à de plus petites productions qui lui permettent une plus grande liberté créative. C’est le cas notamment de Mune sur lequel Aurélien Prédal a fait ses armes comme Production designer. « J’étais très jeune, le réalisateur l’était aussi, et on avait tous deux envie de faire quelque chose de différent, d’apporter une vision nouvelle. On voulait une esthétique plus stylisée, mettre moins l’accent sur la technique et davantage sur l’illustratif, le côté peint. Je pense que le résultat était vraiment original et finalement le film a connu un beau succès en Europe, en Russie et dans les pays asiatiques ; mais il n’a pas été diffusé aux Etats Unis. »

Un autre projet qui lui tient à cœur est Revolting Rhymes, une adaptation pour la BBC du livre de poèmes éponyme de Roald Dahl. « Le livre est illustré de dessins de Quentin Blake dont je suis un grand fan. Mais j’ai eu, pour le film, une grande liberté de création tant du point de vue esthétique que graphique ; les dessins de Blake n’étant présents qu’au titre de références. On a aussi beaucoup joué avec la 3D pour donner l’impression d’un théâtre de marionnettes. Il s’agissait d’un film pour enfants diffusé au moment de Noël et donc ça marchait très bien. Beaucoup de gens pensent que l’animation c’est un peu toujours la même chose mais ça peut être extrêmement varié ! »

 

L'auteur
Nadine Vasseur est journaliste et écrivain. Productrice du magazine Panorama sur France Culture pendant quinze ans, elle est, par ailleurs l'auteur de nombreux livres d'entretiens et de livre d'art parmi lesquels " Les Plis" et "Les Incertitudes du corps" parus aux éditions du Seuil. Elle a publié en 2019 "Simone Veil. Vie publique. Archives privées" aux éditions Tohu Bohu.

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