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Parcours de création : Claire Malrieux, dessinatrice

L'Atelier de Sèvres fête ses 40 ans. 40 années au service de la création contemporaine, dans tous les domaines de l'art et du cinéma d'animation. 40 promotions d'élèves devenus aujourd'hui des artistes reconnus en France et dans le monde entier. Découvrez les portraits de ces anciens élèves qui font aujourd'hui la valeur de notre établissement.

Claire Malrieux, dessinatrice, élève l'Atelier de Sèvres en 1992

Entretien réalisé par nadine Vasseur

Depuis 2013, le travail de Claire Malrieux s’organise principalement autour du projet Hyperdrawing, un projet qui, comme son nom l’indique, conjugue sa pratique de dessinatrice et les technologies digitales. Ses œuvres, d’abord réalisées sous la forme éditoriale puis sous celle d’installations numériques, s’attachent à donner forme à des récits inspirés par le savoir scientifique : données climatologiques (Climat général, 2017), processus neurocognitifs des rêves (Dreambank, 2019), algorithmes boursiers (Economie vibratoire, 2015). Composées de dessins abstraits en perpétuelle transformation sous l’impulsion d’algorithmes, elles sollicitent l’imaginaire du spectateur et l’invite à une nouvelle forme de contemplation ; en même temps qu’elles interrogent ce qui de notre regard et de notre être au monde s’est modifié à l’ère du numérique.

Claire Malrieux a toujours voulu devenir artiste même si, quand elle s’inscrit à l’Atelier de Sèvres en 1992, elle ignore encore sous quelle forme. « A l’Atelier de Sèvres, j’ai d’abord appris que l’art n’était pas seulement un don, mais aussi beaucoup de labeur et de patience. Je me souviens encore d’un cours de dessin où il fallait dessiner pendant quatre heures le même objet au crayon 6H à la mine très dure et fine. C’était vraiment ardu, je me suis appliquée, et à la fin j’ai eu 0,5 sur 20 ! La difficulté du travail était heureusement compensée par la passion qui habitait nombre des professeurs, une passion communicative qui donnait envie de se dépasser, une passion très bienveillante aussi qui nous encourageait à être nous-mêmes ». Admise à l’école Nationale Supérieure des Arts Appliqués et des Métiers d'Art Olivier de Serres, elle en sort au bout de trois ans avec un diplôme en Métiers d’art, option sculpture et matériaux de synthèse. Puis, ayant acquis la certitude que sa passion était ailleurs, elle passe le concours des Beaux-Arts où elle intègre l’atelier du sculpteur Vincent Barré. « J’ai passé mon diplôme avec l’architecte François Roche, connu pour ses recherches architecturales non-standard. C’est lui qui m’a initiée aux pratiques computationnelles de conception des formes. » En 2011, alors qu’elle enseigne depuis plusieurs années le design textile en parallèle de sa pratique artistique, elle passe un mastère en création et nouvelles technologies à l’Ecole nationale supérieure de Création Industrielle où elle devient en même temps professeur. « Ce mastère, mais aussi le fait d’enseigner à l’ENSCI, a marqué un tournant pour moi. Mes étudiants étaient tous un peu ingénieurs et la technique industrielle passait pour eux de toute évidence par le numérique. J’ai alors créé un cours de dessin qui permettait d’utiliser les techniques digitales. » Elle enseigne également aujourd’hui à Haute Ecole des Arts du Rhin.

La première œuvre de Claire Malrieux intégrant les nouvelles technologies porte le simple titre de Début et date de 2012. « Il s’agit d’une sculpture créée à partir d’un programme informatique qui génère des formes en 3D, et d’algorithmes qui reproduisent la formation cristalline. » Peu à peu, ses œuvres, à la croisée des sciences, de l’art et du numérique vont intégrer le mouvement, donnant à voir des images se métamorphosant sans fin, à l’imitation même du vivant. « Avec Climat général, je voulais faire sentir au spectateur qu’il fait partie d’un tout qui nous englobe. J’ai d’abord donné une forme graphique à toutes sortes d’éléments météorologiques, comme la pluie, le vent, les nuages, mais aussi économiques comme la pollution ; parallèlement des données chiffrées de la météo mondiale, telles que dépressions, accalmies, sécheresse et humidité, ont été intégrées dans un programme informatique qui va interagir avec mes dessins à partir d’un scénario co-écrit avec le programmateur. » Les images et les formes générées en continu sur l’écran sont d’une beauté singulière à la vertu hypnotique. Celles de Dreambanks, réalisées à partir de récits de rêves, sont, elles, accompagnées de voix produites par un programme d’Intelligence Artificielle. Elles sont faites pour être regardées mais aussi seulement écoutées. « Dreambanks a pour objet le partage des rêves. L’installation est conçue pour qu’on puisse s’allonger à côté et éventuellement s’endormir. C’est un travail d’immersion, par l’image mais aussi ici par le son. L’important, c’est comment, à l’ère du numérique, mettre en mouvement l’imaginaire de chacun. »

 

L'auteur
Nadine Vasseur est journaliste et écrivain. Productrice du magazine Panorama sur France Culture pendant quinze ans, elle est, par ailleurs l'auteur de nombreux livres d'entretiens et de livre d'art parmi lesquels " Les Plis" et "Les Incertitudes du corps" parus aux éditions du Seuil. Elle a publié en 2019 "Simone Veil. Vie publique. Archives privées" aux éditions Tohu Bohu.

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